EN - How to write in a homely way

Writing like I talk at the end of a dinner, 
when the night falls down and I share memories
 with people that I’ve let in because the food is good, the light is soft, 
their eyes are inviting and I have loosened up

Writing like I sit on a sofa, my feet resting on a pouffe, 
when my mind is a succession of thoughts

Home is a place where I can think

My thoughts are valuable
Even at home
Especially at home

When an idea brings another idea
No hierarchy, no censorship, just ideas that flow

Insights that are mine, not things that I’ve read somewhere else
Art that is mine, not something that I’ve seen somewhere else

Writing in a homely way
When I can share my anger and my nightmares without shame
Where I feel that loving people invite me to talk
to deepen things even if they are unpleasant or an embryonic mishmash

Writing in a homely way

Like Frances Stark in The Architect and the Housewife

To spread upon my bread
I’m forced to poke this knife
Into my hungry head
I bet inside there is mayonnaise
And something like smoked ham
My eyes can serve as olives
To garnish the sandwich I am

Thoughts that are mixed with the content of my fridge
Thoughts that are interrupted, that cannot expand because 
What do we eat tonight? and that make my brain feel like the soup I am serving

Words with the unctuosity of a sauce that penetrates my mind as a plate of pasta
When I don’t need plans, load-bearing walls or beams
Writing with no structures

Eclectic thoughts, where Hannah Arendt joins me
when I’m hanging laundry
Occupying my mind and my hands
Animal laborans, Homo faber, Action

Simple repetitive gestures, 
that break the monotony of sitting at my desk
That make me think better, because I am in movement 

Writing in a homely way

Artists, writers, philosophers that come as guests in my text
who are welcomed in the intimacy of my early morning thoughts
in the warmth of my bed

Writing in a homely way 

Using the écriture feminine of Hélène Cixoux

It makes me cry
I want to talk about something I am not sure I can talk about
I want to talk about the inside from the inside, I do not want to leave it
I am so happy in the silky damp dark of the labyrinth and there is no thread


Where feminine and masculine are not referring to female and male
Writing through the feminine libidinal experience
Not out of your biology but from the lived experience of being
Subverting narration and linear temporality

Writing in a homely, bodily way 


FR - Comment écrire comme à la maison

Écrire comme je parle à la fin d'un dîner, 
quand la nuit tombe et que je partage des souvenirs
 avec des gens que j'ai fait entrer parce que la nourriture est bonne, la lumière est douce, 
leurs yeux sont accueillants et je me suis détendue

Écrire comme si j'étais assis sur un canapé, les pieds posés sur un pouf, 
quand mon esprit est une succession de pensées

La maison est un endroit où je peux penser

Mes pensées sont importantes
Même à la maison
Surtout à la maison

Quand une idée en amène une autre
Pas de hiérarchie, pas de censure, juste des idées qui circulent

Des idées qui sont les miennes, pas des choses que j'ai lues ailleurs
Un art qui est le mien, pas quelque chose que j'ai vu ailleurs

Écrire comme à la maison

Quand je peux partager ma colère et mes cauchemars sans honte
Où je sens que des personnes aimantes m'invitent à parler
pour approfondir les choses, même si elles sont désagréables
 ou qu'il s'agit d'un méli-mélo embryonnaire

Écrire comme à la maison

À la façon de Frances Stark dans L'architecte et la femme au foyer

Pour tartiner mon pain
Je suis obligée de planter ce couteau
Dans ma tête affamée
Je parie qu'à l'intérieur il y a de la mayonnaise
Et quelque chose comme du jambon fumé
Mes yeux peuvent servir d'olives
Pour garnir le sandwich que je suis


Des pensées qui se mélangent au contenu de mon frigo
Des pensées qui sont interrompues, qui ne peuvent pas s'étendre parce que 
Qu'est-ce qu'on mange ce soir ? et qui font ressembler mon cerveau à la soupe que je sers

Des mots avec l'onctuosité d'une sauce qui pénètre mon esprit comme un plat de pâtes.
Quand je n'ai pas besoin de plans, de murs porteurs ou de poutres
Écrire sans structures

Pensées éclectiques, où Hannah Arendt se joint à moi
quand je pends la lessive
occupant mon esprit et mes mains
Animal laborans, Homo faber, Action

Des gestes simples et répétitifs, 
qui rompent la monotonie de la position assise à mon bureau
Qui me font mieux réfléchir, parce que je suis en mouvement 

Écrire comme à la maison

Des artistes, des écrivains, des philosophes que j’accueille dans mon texte
 et dans l'intimité de mes pensées matinales
et la chaleur de mon lit

Écrire  comme à la maison

En utilisant l'écriture féminine d'Hélène Cixoux

Ça me fait pleurer
Je veux parler de quelque chose dont je ne suis pas sûre de pouvoir parler
Je veux parler de l'intérieur de l'intérieur, je ne veux pas le quitterJe suis si heureuse dans l'obscurité soyeuse et humide du labyrinthe et il n'y a pas de fil


Où le féminin et le masculin ne se réfèrent pas à la femme et à l'homme
Écrire à travers l'expérience libidinale féminine
Non pas à partir de notre biologie, mais à partir de l'expérience vécue de l'être
Subvertir la narration et la temporalité linéaire

Écrire comme à la maison et avec son corps